Saint Etienne l’Allier
Saint Etienne l’Allier : Un nom curieux !
Le nom de notre commune ne s’est pas toujours orthographié comme aujourd’hui.
Le nom de la commune vient de son saint Patron, Saint Etienne, et du nom de son seigneur LALLIER.
Au Moyen Age, la commune est très liée à la rivière puisqu’elle s’appelle Saint Etienne du Val Lallier.
Ce n’est que vers 1880 que Lallier prendra une apostrophe pour devenir l’Allier.Jusqu’au milieu du 19ème siècle, Lallier s’écrivait sans apostrophe.
L’Abbé Meulant, un curé de la paroisse qui exerça son ministère pendant 41 ans à St -Etienne, voulut même que la commune change de nom. Il adressa une requête dans ce sens aux journaux locaux en 1927.
« Je voudrais faire cesser un état de chose très gênant pour la ponctualité de nos correspondances à St-Etienne. Le mot de l’Allier accolé à St-Etienne n’a aucune raison historique… D’autre part, nous avons le château du Vièvre, la ferme du Vièvre, la source du Vièvre ; ne serait-il pas plus logique de dire St-Etienne-du-Vièvre que St-Etienne-l’Allier, ce qui fait que nous avons parfois des correspondances baladeuses dans le département de l’Allier qui nous reviennent au bout de 15 jours…
Notre Canton de St-Georges-du Vièvre, de même St-Grégoire-du-Vièvre ne peuvent se prévaloir d’aucun point nommé Vièvre sur leur territoire et ils portent le nom. Je sais qu’une antique forêt dont le nom francisé ou modernisé a fait Vièvre, s’étendait sur leur territoire et sur le nôtre pour finir à Pont-Audemer ; ces communes ont hérité du nom et St-Etienne, croit-on, doit son sobriquet à un vague personnage du nom de Lallier.»
Amusante la requête de l’Abbé Meulant et pas totalement injustifiée, assez logique même. Cependant, elle n’a pas abouti car on change pas un nom qui a été utilisé pendant des siècles. C’est vrai qu au Moyen Age notre région était couverte d’un immense forêt, la forêt de guer ou de Wewr (vièvre) qui s’étendait de la Risle jusqu’à La-Poterie- Mathieu. Elle dépendait directement du domaine ducal et constituait un vaste terrain de chasse pour les ducs de Normandie. Une légende raconte que le Duc Richard 1er, petit-fils de Rollon, fut attaqué par un ours gigantesque lors d’une partie de chasse. Il fut sauvé par Raoul, son frère utérin qui terrassa l’animal féroce.
Cette forêt du Vièvre fut défrichée au 10ème siècle et les paroisses créées prirent le nom d’un saint. Chez nous, nos ancêtres choisirent le nom du 1er martyr de la chrétienté, Etienne. On ajouta le nom du seigneur du lieu, Lallier. A l’origine la paroisse s’appelait Saint-Etienne-du-val-Lallier.
La commune fait partie de la région du Vièvre. Le mot Vièvre serait une déformation du mot gaulois « Uoberna », qui signifiait « ruisseaux plus ou moins cachés », puis « bois ». Il désignait une ancienne forêt qui occupait la région comprise entre la Risle et la Véronne.
Saint Etienne l’Allier : La honte du Moyen Age.
Voici un texte découvert à la bibliothèque de Pont-Audemer dans un ouvrage intitulé « Etude sur la condition de la classe agricole et l’état de l’agriculture en Normandie au Moyen Age » : « En 1419 à Saint Etienne de Lailler vicomté de Pont-Audemer regard de mariage. Au lieu dit de la Rivière Bourdet en 1419 ay droit de prendre sur mes hommes et autres quand ils se marient sur ma terre, dix sols tournois et une longue de porc tout au long de l’échine, en y celle longue avecques un gallon de tel breuvage comme il y aura aux noces ou je puis et dois, s’il me plait aller coucher avec l’épousée en cas ou son mary ou personne de par lui ne me plairait à moy ou à mon commandement l’une des choses déclarées dessus. »
Ce texte est repris par Alain Decaux dans son histoire des Fançaises. L’historien précise que ce texte exprime plutôt une menace qu’un droit. Ce droit des seigneurs dont d’autres historiens contestent la véracité fut souvent appelé la honte de la féodalité.
Saint Etienne l’Allier : Un document vieux de 5 siècles !
Les archives de la commune conservent un parchemin du XVe siècle trouvé par hasard dans la sacristie de l’église.
Il s’agit d’une charte de la confrérie de charité de l’époque. Les confréries de charité dont la création remonte au XIIe siècle ont pour but l’union dans la prière d’un Saint Patron et l’entraide mutuelle (aide aux malades) aux frères tombés dans la pauvreté. Elles vont connaître un développement considérable au moment des épidémies de peste et plus particulièrement lors de la grande épidémie de 1348 – 1349 qui décime près de la moitié de la population.
La confrérie de charité a duré à Saint Etienne l’Allier jusqu’en 1950. Aujourd’hui ce sont les « Charitons » d’autres paroisses qui assurent les enterrements.
Saint Etienne l’Allier : Un village de tisserands.
Aux XVII et XVIII e siècles dans toute la Normandie, on cultivait le lin. A Saint Etienne l’Allier comme dans les paroisses environnantes, on tissait le lin et on fabriquait une toile appelée « Blancard » parce que les fils qui servaient à la fabriquer étaient à demi blanchies avant leur mise en œuvre. Quand les marchands choisissaient les plus fines et les meilleures elles étaient comme la fleur des Blancards et appelées « Fleurets ». Ces « Fleurets-Blancards » étaient vendus sous la halle aux toiles de Saint Georges du Vièvre puis transportés à Rouen et enfin exportés vers les colonies espagnoles d’Amérique du Sud.
Saint Etienne l’Allier : L’exode de ses habitants, un drame pour le village.
Si au XIX e siècle, la fabrication s’était définitivement éteinte, on comptait néanmoins 166 tisserands en 1850. Ils tissaient toujours du lin mélangé à du coton. Le village comptait alors 1200 habitants. La mécanisation tua cet artisanat. Les tisserands quittèrent la campagne pour les usines de la ville. En 1907, il ne restait plus que 507 habitants. La chute dura jusqu’en 1975 : 354 habitants.
Saint Etienne l’Allier : La guerre 1914-1918.
84 soldats furent mobilisés, ce qui représente 18,6% de la population totale. Le plus jeune mobilisé s’appelait Marcel BOISSON, il avait 18 ans et s’était porté volontaire pour « défendre la patrie en danger ». La guerre aura été de courte durée pour lui puisqu’il a été tué le 1er octobre 1914, à Avesnes dans le Nord, trois mois après la déclaration de guerre. Son nom est inscrit sur le monument avec les 24 autres Stéphanois tombés au champ d’honneur.
Saint Etienne l’Allier : Berceau de la Résistance.
A l’entrée du village, s’élève un monument à croix de Lorraine qui rend hommage aux résistants de la région qui ont donné leur vie dans la lutte contre l’occupant allemand. C’est en effet à Saint Etienne l’Allier qu’est né le Maquis Surcouf : il fut le maquis le plus actif de la Haute-Normandie. En 1942, l’épicier du village, Robert LEBLANC et le curé, l’abbé MEULAN, commencèrent à cacher des jeunes gens, réfractaires au Service de Travail Obligatoire. Puis l’effectif grossit et le maquis s’organisa en groupes armés qui, à partir de septembre 1943, multiplièrent les coups de main et les sabotages. A la Libération, le Maquis aligne 300 combattants armés pour soutenir les alliés.
Saint Etienne l’Allier : Le personnage le plus célèbre, un cheval.
Saint Etienne l’Allier est un village tranquille qui ne peut se vanter d’avoir vu naître sur son territoire un homme ou une femme célèbre. Cependant, un personnage célèbre né au hameau la Butte en 1980 a su enthousiasmer les foules.
Il s’agit du célèbre trotteur OURASI, qui remporta 4 fois le prix d’Amérique, cette épreuve étant considérée comme le championnat du monde de trot. Après avoir coulé une retraite heureuse dans un haras du Calvados, OURASI, cheval de tous les records est mort le 12 janvier 2013 à l’age de 32 ans. Pour honorer ce champion de légende, la commune a baptisé la voie qui conduit au haras de feu Monsieur Raoul OSTHEIMER, son heureux propriétaire, Impasse OURASI.
Saint Etienne l’Allier : la liste des maires